Ex nihilo Neil

08 mai 2020

Lire Alan Moore avec amour



On arrive au bout du confinement et j'imagine que, comme moi, vous avez revisité votre bibliothèque pour lire ou relire des œuvres trop longtemps laissées sous la poussière. Bon, perso j'ai davantage joué et regardé des vidéos, mais j'ai quand même relu quelques séries de BD. Je me suis notamment fait une cure d'Alan Moore, avec Providence, qui gagne vraiment beaucoup à chaque repasse, et The Tempest, qui a dû sortir en VF il y a quelque temps mais que je n'ai pas pu acheter pour des raisons pas très mystérieuses, je me suis donc contenté de relire la VO.



Providence, j'en ai déjà parlé mais pas assez, c'est une réinterprétation de l'univers lovecraftien. Forcément ça m'intéresse. Suite/préquel de Neonomicon (qu'il est bon d'avoir lu au préalable), Providence est stupéfiant à de nombreuses reprises, et témoigne d'une connaissance et d'une maîtrise des thèmes chers à H. P. Lovecraft qu'on ne soupçonnait pas forcément chez Moore. Mais bon, on le sait, le magicien de Northampton n'est pas réputé faire les choses à moitié. Quand il se propose d'évoquer une œuvre, il en fait le tour. Providence est donc autant un récit lovecraftien (avec horreur cosmique, héros à la destinée tragique, entités étranges...) qu'un récit sur Lovecraft lui-même (l'homme, sa vie, son œuvre), qu'un récit sur l'influence de Lovecraft (sur la littérature, sur la pop culture, sur le monde). Oui, tout en un, parce qu'Alan Moore. Et comme beaucoup de ces productions, à chaque relecture, je suis un peu plus sur le cul.


The Tempest, c'est le chapitre final de La Ligue des gentlemen extraordinaires, et même de toute la carrière de scénariste de Moore, puisqu'il s'est déclaré à la retraite. Le mec finit donc avec une mini-série qui porte le même titre que la dernière pièce de Shakespeare, c'est dire qu'il se prend pas pour de la merde (et en même temps, j'ai du mal à lui donner tort). The Tempest est riche, c'est l'aboutissement d'une saga que j'adore viscéralement, et ça finit en fanfare, avec apocalypse, grand plan métaphysique, métarécit, centaines de références littéraires et autres... C'est un testament artistique difficile à suivre, et j'admets attendre de lire la version française pour m'en faire une idée plus précise, mais je doute d'être déçu à l'arrivée. Même si je suis triste que ce soit fini.

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