Ex nihilo Neil

11 mars 2024

Le dernier kamehameha

 


Le monde a appris avec désarroi le décès d'Akira Toriyama, l'iconique créateur de Dragon Ball (et de plein d'autres trucs), à l'âge relativement jeune de 68 ans. J'ai connu la folie Dragon Ball au Club Dorothée, puis Dragon Ball Z, alors aujourd'hui est l'heure d'un petit bilan. Mais ce n'est pas mon boulot, alors je vais juste dire ce que j'en pense.

Dragon Ball, quand c'est arrivé en France, c'était la révolution. Le premier shônen moderne, celui qui allait inspirer tous les Naruto et autres One Piece. À la base, c'est surtout une version rigolote et parodique du Voyage vers l'Ouest, légende chinoise bien connue mettant en scène le... voyage vers l'Ouest d'un moine accompagné du roi des singes. Toriyama s'est considérablement éloigné du conte, ajoutant trois milliards de blagues pas toujours très fines pour en faire un concentré de fun et de retournements de situation inattendus. 

Ce moment, notamment, reste un des plus géniaux de toute
la saga. Les vrais savent.

Puis Son Goku a grandi, et c'est parti en couille. Je ne vais pas vous dire que j'ai détesté Dragon Ball Z, je l'ai suivi assidument, comme tout le monde à l'époque. Mais il faut vraiment arrêter de considérer ce truc comme l'alpha et l'oméga. DBZ c'est insupportable : des combats qui enchaînent sur des combats avec plus de combats. Alors certes ils sont prenants, certes le grandiose de la mise en scène le dispute au charisme des character designs, mais bon, on n'a plus quinze ans, on a le droit de prendre un peu de recul, et sitôt qu'on le fait, il faut bien admettre que le fond pue du cul. 

Son Soku et ses potes ne se battent pas pour un idéal ou pour sauver le monde : l'immense majorité du temps, c'est pour mesurer leurs kikis, avec parfois des pauses pour ressusciter leurs potes afin de pouvoir reprendre le mesurage de kikis (je passe charitablement sur le fait qu'on devient plus fort en devenant blond aux yeux bleus). Ne parlons pas du rôle des femmes, qui savent se battre (moins bien que les hommes, quand même) tant qu'elles ne sont pas mariées, après c'est fini, elles font la cuisine et s'occupent des gosses pendant que ces messieurs vont se mettre sur la gueule. Osez me dire que j'exagère ! DBZ, ça craint, d'ailleurs Toriyama lui-même en avait marre et n'a continué que sous la pression populaire.

J'espère donc (contre toute vraisemblance) que la postérité retiendra davantage le Toriyama de Dr. Slump, qui reste un des mangas les plus débilement régressifs et marrants qui soient (rarement le mot « caca » m'aura autant fait rire). Car il n'a jamais été aussi bon que dans le délire et l'humour absurde, et qu'en ce moment, on a bien besoin de rire.

2 commentaires:

SammyDay a dit…

Dragon Ball, c'était mignon en manga, trop long en DA.

DBZ, c'était épique, mais ça se prenait trop au sérieux - et effectivement, le personnage principal de DB ne fait rêver à aucun moment. Quant à Gohan, on le massacre dès qu'il a passé l'adolescence (et on lui souhaite rien de moins que de perdre ses deux parents...)

Je vais regretter Toriyama pour ce qu'il nous a apporté autrefois. Maintenant, si sa mort peut mettre fin à Dragon Ball, ça sera pas un mal.

Neil a dit…

Je suis assez d'accord. Je n'ai pas suivi DB Super (j'ai même pas suivi Dragon Ball GT, mais déjà à l'époque je me souviens que Player One avait titré "Le retour de la vache à lait !"), mais franchement c'est allé beaucoup trop loin, et j'ai souvent le sentiment que ça nourrit surtout les délires virilistes plus qu'autre chose aujourd'hui.