Ex nihilo Neil

01 décembre 2025

Trois déceptions et une bonne surprise

Il y a beaucoup de films que j'aimerais voir en ce moment alors que je n'ai pas beaucoup de temps, mais j'ai quand même réussi à glisser quelques séances...

 

 

Wicked - For Good, John M. Chu, 2025

J'avais beaucoup aimé le premier film Wicked, malgré quelques défauts, notamment sa durée. Choix a été fait d'adapter la comédie musicale culte en deux films, un par acte, ce qui me semblait hautement discutable, mais le fait est, John M. Chu a réussi à magnifier l'acte I et ses chansons emblématiques, qui sont nombreuses et merveilleuses. Problème : l'acte II de Wicked est notoirement moins enchanteur. L'histoire se resserre, l'ambiance est plus sombre et les chansons moins nombreuses et moins marquantes, en dehors de As Long As You're Mine (une ballade romantique que j'aime bien), No Good Deed (que j'adore) et For Good (qui conclut l'arc narratif entre Elphaba et Glinda). 

Ça se voit d'ailleurs rien qu'à la durée : ce deuxième film dure deux heures, quand le premier approchait des trois. Et c'est beaucoup trop. En plus, Chu semble avoir lâché l'affaire niveau réalisation : alors que le premier acte bénéficiait de belles idées (notamment sur Dancing Through Life), ici on est dans le champ-contre-champ serré sans intérêt. As Long As You're Mine est gâché par une mise en scène qui tape complètement à côté (les deux tourtereaux se tournent autour comme des biches effarouchées alors qu'ils devraient se sauter dessus sous le feu d'une passion torride), No Good Deed... ça va (encore heureux, mais c'est du coup le seul moment à peu près correct du film) et For Good est laborieux. Ajoutons une dernière partie qui empile plus de fins que Le Seigneur des anneaux, et beaucoup trop concentrée sur Glinda, et vous avez un deuxième film très indigeste, ce qui m'attriste fort. 

Restent les vocalises de Cynthia Erivo et Ariana Grande-Butera, objectivement impressionnantes, même si, par moment, elles en font peut-être un chouia trop. 

 

 

 

Arco, Ugo Bienvenu, 2025

Les fans d'animation et d’œuvres d'anticipation l'attendaient depuis un moment, et ont eu l'air plutôt satisfaits de l'arrivée de cet Arco, qui nous conte les aventures d'un voyageur temporel échoué d'un futur lointain et solarpunk (sur ce sujet, l'inévitable Bolchegeek a fait une excellente vidéo) dans un futur moins lointain et beaucoup plus crépusculaire. Il y rencontre Iris, une petite fille de son âge, et ensemble ils vont s'efforcer de le renvoyer dans son époque. 

Arco m'a laissé mitigé : d'une part je n'aime pas beaucoup les designs des humains dans le film, avec leurs mouvements lents et leurs expressions pesantes. Je n'aime pas non plus les voix, qui me rappellent celles de Mars Express. C'est de la création de voix, pas du doublage (puisque les voix sont enregistrées avant l'animation), et je les trouve beaucoup moins expressives qu'elles ne devraient (surtout les adultes, qui ont l'air morts à l'intérieur). Et je n'aime pas trop l'écriture des personnages, en particulier des enfants, qui ne réagissent pas comme des enfants mais comme des adultes imaginent que des enfants pourraient réagir. J'ajoute qu'en dehors, vaguement, d'Iris, les personnages ne sont pas très charismatiques. 

Mais il reste l'animation, qui rend hommage à Ghibli et à Mœbius (y a pire comme références), et surtout l'ambition de raconter une belle histoire pleine d'espoir sur le futur, ce qui est quand même très rare pour un film français. Bon moi je trouve que le pari n'est qu'à moitié réussi (le futur solarpunk dépeint, notamment, me semble épouvantable, soit qu'il l'est vraiment et que je n'ai pas compris l'intention du film, soit qu'il est juste écrit à la va-vite), mais si ça peut motiver des gens à faire mieux... 


Predator - Badlands, Dan Trachtenberg, 2025

Après avoir relancé la licence Predator avec Prey en 2022, Dan Trachtenberg signe un nouvel opus qui tente d'explorer de nouveaux horizons. Cette fois on suit un jeune Yautja (l'espèce des predators) obligé de fuir sa planète et son clan pour prouver sa force en chassant un pokémon légendaire sur Pandora.

Il y aurait beaucoup à dire sur ce film qui se passe certainement dans le même univers que la série Alien Earth, et on devine une vive intention de les faire se croiser prochainement dans une tentative d'Alien vs. Predator, qui ne me fait pas exactement baver. Mais pour faire simple je me suis plutôt ennuyé. Les Yautjas sont beaucoup trop humanisés pour rester intéressants (rien que le fait qu'on les comprenne gâche beaucoup de leur potentiel) et la violence est largement édulcorée par l'absence de vrais humains. Notre « héros » n'affronte que des animaux qui l'agressent et des androïdes, autant dire qu'il n'y a aucun enjeu et qu'on s'en bat rapidement les reins de ce qui peut arriver, puisqu'on sait qu'il va s'en sortir. D'ailleurs la « terrible planète » sur laquelle il se retrouve semble régie par des lois physiques étranges, laissant le champ libre à la toute-puissance du Scénario qui protège le jeune Yautja des pires dangers (je pense à ces scènes où il fuit devant des limaces au crachat acide ou devant des plantes projetant des milliers de dards empoisonnés, sans subir le moindre dégât... y a des limites à la suspension consentie de l'incrédulité, et ce film les franchit largement).

 

The Sandman, 2022-2025

J'ai rattrapé mon retard sur la série adaptant la BD culte de Neil Gaiman, et qui en est à sa deuxième saison (la troisième sera vraisemblablement la dernière, si j'en crois mes souvenirs du comics). Pour rappel, cette œuvre conte les aventures de Dream, incarnation du rêve (et de l'imagination, dans une certaine mesure), et de ses déboires avec sa famille, les Éternels (Destiny, Desire, Death, Despair, Delirium et Destruction). La série ne s'embête pas à réinventer la roue et adapte de manière très fidèle le comics original, parfois au plan près, et c'est sans doute ce qu'il y avait de plus prudent à faire. 

Le résultat est lent et contemplatif, souvent poseur... comme l'est Dream dans la BD. Les acteurs sont très bons (on notera la présence charismatique de David Thewlis, Stephen Fry et Gwendoline Christie, parmi d'autres), avec en tête d'affiche Tom Sturridge, parfaitement casté en éternel ado boudeur (on pourrait à bon droit prétendre que la BD The Sandman a inventé l'esthétique emo), et l'intrigue est envoûtante pour peu qu'on entre dans le délire. Ceci dit, c'est certain, le rythme ne plaira pas à tout le monde...